Traitement médicamenteux


Le chlorhydrate de méthylphénidate: ritaline

 

Le méthylphénidate est la molécule de référence dans le traitement du trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité; elle est plus connue sous le nom commercial de ritaline.

Cette molécule, dont la découverte date de 1937, a été brevetée en 1954 puis commercialisée aux États-Unis à partir des années 1960. Elle n’est commercialisée en France que depuis 1995. C’est la seule molécule dont nous disposons, à l’heure actuelle, en France.

Le méthylphénidate doit sa réputation sulfureuse au fait qu’il s’agit d’une molécule voisine des amphétamines et à la fâcheuse tendance qu’ont certaines personnes à faire des amalgames. En effet, bien que cette molécule soit classée au rang des stupéfiants, dire qu’il s’agit d’une drogue qui pousse vers les drogues dures tient du délire.

On trouve le méthylphénidate sous plusieurs formes :

  1. Ritaline LI : il s’agit d’une forme dite à libération immédiate, dont l’effet dure environ entre 3 et 5 heures.

  2. Ritaline LP : il s’agit d’une forme dite à libération prolongée, car son effet dure plus longtemps, cette forme de ritaline est efficace pendant environ 8 heures.

  3. Quasym LP : il s’agit d’une forme de méthylphénidate dont une partie est libérée immédiatement et le reste de manière prolongée ; cette forme agit entre 6 et 8 heures.

  4. Concerta LP : forme de méthylphénidate dont une partie est libérée immédiatement et l’autre partie de manière prolongée, selon un ratio différent du Quasym LP et de la ritaline LP, le concerta est actif entre 10 et 12 heures.

Le traitement n’est en aucun cas prescrit à vie, en France il est prescrit, en moyenne, pour une durée de 3 ans et 6 mois. Il ne s’agit pas d’un traitement curatif, on ne guérit pas du TDA/H mais on constate en pratique que les enfants traités développent de meilleures capacités de compensation de leur dysfonctionnement attentionnel.

De nombreuses études montrent l’innocuité du méthylphénidate, y compris avec des posologies 30 fois supérieures à celles utilisées en France. Les études menées sur les enfants prenants du méthylphénidate mettent en évidence des effets secondaires sans gravité dont les plus fréquents sont : diminution de l’appétit, maux de tête et douleurs abdominales. 


Effets cliniques du méthylphénidate

 

Cliniquement, les effets positifs sont constatés rapidement, dans notre expérience on nous rapporte fréquemment :

  • amélioration des capacités d’attention en classe et à l’extérieur de la salle de classe,

  • ces enfants communiquent plus avec leur famille,

  • moins de difficultés à se mettre au travail,

  • diminution de l’impulsivité,

  • amélioration des résultats scolaires (à condition de travailler, sinon il ne faut pas rêver…),

  • amélioration de l’estime de soi sur le long terme.


Effets du méthylphénidate (ritaline) sur le cerveau

 

Le méthylphénidate est un inhibiteur de la recapture de la dopamine et de la noradrénaline au niveau cérébral, c’est-à-dire que leur taux va augmenter dans le cerveau. Non seulement leur présence augmente, mais leur affinité pour les récepteurs également, il en résulte une amélioration de la force et de la qualité du signal. Ceci est un résumé de ce que nous apprennent les études menées, le fonctionnement cérébral est bien plus complexe que cela et il y a fort à parier que de très nombreux récepteurs et autres molécules sont impliquées.
Les suppléments de Dopamine sont, de ce fait, une sottise sans nom.

Son utilisation est justifiée par de nombreux essais cliniques qui ont prouvé son efficacité.

Des études ont permis de montrer en IRM la normalisation de certaines anomalies structurelles cérébrales présentes chez ces jeunes, grâce au méthylphénidate. L’essor de l’imagerie fonctionnelle a permis d’aller plus loin et de constater un changement favorable chez les enfants traités par ritaline (amélioration, voire normalisation de l’activité cérébrale pendant des tâches d’attention et au repos).


Effets indésirables de la ritaline

 

Le traitement parfait n’existe pas, il y a souvent un revers de la médaille lorsque l’on prescrit un médicament. Un point positif du méthylphénidate est que nous avons une soixantaine d’années de recul et que nous en connaissons bien les effets indésirables. Mais, attention, je le répète aussi à mes patients : nous avons, d’une part, les effets visibles, et, d’autre part, les effets non visibles, ceux que nous pourrions découvrir plus tard.

Les effets secondaires les plus fréquents, liés à la prise de ritaline, sont :

  • Diminution de l’appétit : fréquente, elle touche beaucoup des patients prenant le traitement médicamenteux,

  • maux de tête : ils sont fréquents en début de traitement et à chaque adaptation de la posologie du traitement,

  • douleurs abdominales : elles sont également fréquentes en début de traitement,

  • difficultés d’endormissement voire insomnie : cet effet secondaire est relativement fréquent pour les formes à libération prolongée. Parfois, au contraire, les difficultés d’endormissement, qui étaient présentes avant la prise de traitement, disparaissent.

La surveillance du traitement comporte : poids, taille, pouls et pression artérielle.

Attention, des études récentes soulignent le risque d’une moins bonne minéralisation osseuse chez les adultes ayant été traités par ritaline pendant leur enfance. Je conseille à mes patients une alimentation riche en produits laitiers et de prendre des suppléments de vitamine D (qui aide à fixer le calcium) en hiver pour les parisiens cela va de septembre à mai 😅


Que penser de la ritaline

La première notion à retenir sur la ritaline est qu’il s’agit d’un traitement médicamenteux, nous ne parlons pas de complément alimentaire, de vitamines ou autres produit sans danger. Chaque prescription médicamenteuse doit faire l’objet d’une réflexion approfondie, elle prendra en compte les effets bénéfiques attendus mais également les potentiels effets indésirables. La ritaline doit donc être prescrite après s’être assuré que tout avait été fait pour l’éviter, elle ne doit pas être le seul traitement proposé, ni le traitement de première intention.

Aménagements scolaires, rééducation, remédiation cognitive sont à prescrire en première intention.

La deuxième notion à avoir à l’esprit est que la ritaline est un stimulant, elle n’a aucun effet sur la mémoire de travail ou les troubles des apprentissages, elle est un traitement symptomatique de la fatigue attentionnelle, elle ne la guérit pas. Lorsque ce traitement a été prescrit à votre enfant, commencez-le sans à priori, c’est-à-dire sans attendre le “miracle” dont certains parlent. Les effets miraculeux de la ritaline concernent les enfants de moins de 10 ans qui n’ont pas de trouble des apprentissages. Ce ne sera pas le jour et la nuit chez un collégien de 14 ans qui souffre de lacunes et qu’il sera plus difficile de mettre au travail. Car, je tiens à le rappeler, la ritaline est efficace lorsque l’on fait un effort, elle accompagne cet effort, elle ne le remplace pas et n’apprend pas les leçons par elle-même…


 

Pour aller plus loin

La prise en charge multimodale et médicamenteuse est largement détaillée dans mon ouvrage sur le TDAH chez Dunod.